dimanche 11 janvier 2009

"Je te regarde jusqu'à ce que tu ne me regardes plus."

Le jeu du regard est un jeu sans gagnant, sans perdant. Où l'on gagne si l'on veut, où l'on perd si l’on veut.

Mais je ne joue pas moi. Les gens s'amusent toujours a dire que je joue, pour tout, avec tout le monde. Tu vas me dire c'est l'image que je veux donner. Et je te répondrais que c'est l'image qu'on me donne. Le seul rôle qu'on me laisse. Les gens se font une certaine idée de moi, elle reste figée en eux, je suis comme cela. Je n'ai pas le droit d'en changer. C'est eux qui décident pas moi, si je veux être aimé je dois obéir. Je veux être aimé, j'obéis. Pas le choix.



Quand je regardais ton visage, je ne t'attaquais pas. Je voulais t'envoyer qui j'étais, de mes yeux te donner une partie de moi. Cette partie fragile, en bordel, qui ne cherche qu'à vivre plus, qui aime, qui pleur, qui boit, qui fume, qui dégringole, qui jubile. Celle-ci je ne peux que l’envoyer par mes yeux, car les mots qui sortent de ma bouche sont toujours assassins, ils détruisent ceux qui espèrent, ceux qui croient, ils me détruisent. Je ne le fais pas exprès, le rôle qu'on me donne grandit toujours plus en moi, au profit de ce que je souhaite, de ce que je suis vraiment. Et quand je te regardais, je voulais savoir qui t'étais. Et derrière c'était toi qui récitais un rôle, mais ça, je ne l'ai pas vue. On voit toujours ce que l'on veut bien. En tout cas je trouvais ça très beau, j'ai trouvé ça très beau.

Maxime, en partant, m'a dit qu'il ne pourrait jamais aimer les hommes comme moi, que c'était impossible, qu'ils ne pourraient jamais êtres des amis. Il n'a pas eu besoin de m'expliquer pourquoi, je l'ai compris. Puis il m'a dit adieu en me disant "SOIT TOUJOURS TOI MEME"

mercredi 18 juin 2008

Sarah


Nous avions dormi ensemble, moi avec lui, l'homme sombre, sa grande main accrochée sur mon sein. Je me demandais s’il sentait la musique régulière de mon coeur qui battait plus lentement qu’à l'habitude. Je retenais ma respiration, pour ne pas le déranger, pour ne pas déranger l'osmose de nos deux corps. Je me suis endormie comme cela, sans respirer, avec juste son souffle chaud qui caressait mes cheveux. Quand il s'est réveillé, je rêvais encore, c'est le bruit de ces docks sur le parquet que j'ai entendu, avec celui de la grosse porte qui s'est mis à gémir pendant presque une éternité avant de se refermer comme un coup de feu sur l'appartement sans vie. Décider à me lever, j'ai ouvert les volets : les nuages essuyaient les larmes roses du soleil, qui de ses rayons épousait la cime des arbres. Le maquillage de la veille avait coulé. Cela ne semblait pas me déranger le moins du monde, j'aimais grossir les traits de mon visage jusqu'à l'extrême, jusqu'à ce que l'on ne me voie plus, être caché derrière cela, ce maquillage. Mais quand j'étais heureuse, plus fragile ou encore plus amoureuse j'aimais dévoiler ce visage, laissé le noir coulé, les cernes apparaîtrent. Ressembler à ces clowns tristes que l'on voit dans les cirques, maquillé pour rire, et qui pleure pour rire, et qui se tue pour rire, juste pour ce plaisir pervers de jouer. Ce maquillage faisait partie intégrante de mon visage, impossible de vivre sans. Tout à coup, j'ai eu besoin d'air, j'étouffais, j'ai attrapé des cigarettes, et pour piéger la solitude j'ai pris mon inséparable casque. Je suis sortis de mon appartement. Dans ma grande veste de soie rose, je déambulais sur mon grand boulevard, en suivant le rythme de cette effroyable piano, ce véritable instrument de torture à lui et à moi. (Il nous faisait pleurer chaque fois qu’on l'écoutait tous les deux, et l’on adorait cela) Je ne faisais plus attention à rien qu'a cette musique, tout mon être se donnait à elle, ma démarche ne devait briser aucun accord. Pourtant quelque chose me manquait, une habitude peut être que j'avais, quand je passais a cet endroit. Voilà j'ai trouvé, Gisors, mon vieux Gisors, une sorte de "sous homme" comme il se traitait lui-même, un clochard, un peu magicien a ces heures. Un soir d'ivresse, où j'ai beaucoup pleurer, il m'avait consolé, et avait lu dans les lignes de ma main mes vies passées. Depuis nous échangions de très beaux sourires. Pourquoi n'était-il pas là ce jour-là, j'aimais les petits rendez vous du matin que l'on avait tout les deux et qui ne consistaient souvent qu'à un sourire ou quelquefois un clin d'oeil, mais qui ressourçait. Il était d'habitude toujours là, adossé à ce parcmètre. Je coupe ma musique, j'enlève mon casque, je regarde autour de moi, je suis face à face à un phénomène étrange, non seulement Gisors n'est pas là, mais le boulevard toujours embouteillé, avec ses piétons qui se bousculent pour arriver les premiers on ne sait pas très bien où, est complètement désert. Je hurle pour briser le silence insoutenable du vide, je me mets à courir dans tous les sens. Tout à coup, je m'arrête, je suis pris d'une sueur froide, mes doigts tremblent, mes genoux aussi. J'ai froid. J'ai chaud. Je transpire abondamment. Mes oreilles commencent à siffler. Et alors, j'entends une toute petite voix de fille, celle que j'avais enfant, elle vient étrangement d'abord de mon ventre, elle me chatouille gentiment pour me prévenir de la suite, elle chuchote: "Sarah... Sarah..." Et ensuite, comme en écho, une autre voix semble répondre, elle est plus forte, plus assurée, et cette fois ci elle vient de très loin, je ne saurais pas dire d'où, sûrement du ciel. Cette voie n'a plus rien d'humaine : elle hurle, faisant résonner les fenêtres du boulevard, martelant chaque lettre de mon prénom : "SARAHSARAHSARAHSARAH......." Je m'effondre par terre, alors que les vociférations du mal décomposaient mes organes. Je m'engage dans un combat intérieur, celui de retenir mon âme dans mon corps. C'est le combat final et désespéré de chaque homme, chacun pourtant aimerait désobéir à cette règle divine, celle de la séparation définitive de l'âme rappelé au ciel et du corps qui doit rester sur terre. Mais cette séparation pour moi n’est pas juste, elle est trop précoce, alors je me bats pour empêcher cette ascension, en vain. Mon Esprit flotte déjà au-dessus de ce qui était moi, ce corps de jeune femme, avec ce visage fardé et ces yeux qui ne vivent plus. La mort qui est venue me chercher à cesser de crier, elle a été très vite remplacé par le vacarme du boulevard qui a repris son cour normal, comme si il n’avait jamais été vide, comme si j’avais été victime d’une hallucination. Une trentaine de personnes s’étaient agglutinées autour de mon corps, certains l’agitaient comme une marionnette, c’était cela, je n’étais plus qu’une marionnette. Gisors qui lui aussi avait brusquement réapparu me tenait la main sans que je ne sente plus rien, l’impression était très étrange. Je l’entendais de loin répéter d’un ton grave : Sarah, Sarah.
J’ai eu le temps de suivre quelques heures encore ce corps, cette poupée de cire qui commençait déjà à pourrir, trimbaler sur un brancard par des hommes sereins, vêtus de blouses blanches, traverser des longs couloirs qui sentent les fleurs des pompes funèbres. Voilà c’est fini : ils viennent de déposer le voile blanc immaculé sur moi.



- Tu ne dois pas repenser à cette vie Maxime, elle ne t’appartient plus, ce n’est plus la tienne… Tu es quelqu’un d’autre maintenant.

(photographie : autoportrait de Cindy Shermann)

samedi 14 juin 2008

Je te hais, mais je ne t'aime pas non plus.

- Je te hais, mais je ne t'aime pas non plus. Tes mots, tes gestes, ton air m'agacent les uns après les autres. La première fois que je t'ai vue, je ne t'ai pas regardé, tu ne m'as pas plus. C'est bête... Je t'ai dit l'inverse, mais c'était faux. Tu voix tu avais raisons d'avoir peur de mes mots. Ils sont toujours aux bouts de mes lèvres prêts à être jeté à n'importe qui, n'importe où. Je les fais naître de mon âme dissolue. Oui je parle de moi, encore de moi. Mais MAXIME VOUS ENMERDE! Oui Maxime plus libre que jamais, plus cynique aussi, t'enmerde, toi, aussi... toi surtout. Tu pleures? (silence, il reprend) Mais non, c'est faux, dans le fond tu t'en fous.





- Excuses moi, je ne me comprenais plus, je m'étais perdu dans ma skyzophrénie. Je t'aime, si je t'assure, pourquoi tu ne me crois pas? La première fois, j'ai frissonné, si, nous étions au cinéma. Rien de tel qu'une salle noire, illuminé d'illusions pour frapper notre timidité. Je tiraillais mon corps pour attraper ta bouche, celle qui se défendait tant bien que mal (tu vois tu commençais déjà à me torturer). Une fois nos deux bouches collées, une fois ce baiser violent, par l'émotion de l'attente, ou encore par sa rapidité; c'était comme le saut de l'ange d'un homme qui se jette d'une falaise dans la mer, dans une chute, on n’a pas le temps de penser à l'atterrissage, je tremblais. Je ne savais pas où je m'étais engagé. Je n'ai du souvenir de la suite de ce baiser que l'écran blanc qui comme un couperet détruit le rêve.

dimanche 8 juin 2008

La délivrance ou la résurection


Freud dit que le mélancolique régresserait à l'identification narcissique, devenant son propre objet, et privilégiant le versant de la haine : c'est ainsi que s'explique les auto-reproches, que les mélancoliques se font souvent, parfois délirant. Freud présupose donc deux conditions à l'origine de la mélancolie : la perte de l'objet et la régréssion de la libido dans le moi. La psychiatrie appelle mélancolie la forme la plus poussée de dépréssion ; il s'agit là d'une affection grave quittant largement le champ de la morosité pour considérer une pathologie au sens pleinement médical. Mais, moi, au début, j'avais une toute autre vision de la mélancolie, je l'aimais. Oui j'aimais l'état dans lequel elle me bercait, les heures que nous passions ensemble à ragarder la pluie tomber en écoutant les adagios d'Albinoni ou encore celle où j'étais dans mon bain brûlant, et que j'avais la sensation de purifier mon âme. Mais elle a fini par prendre le dessus sur ma vie sans que je m'en rende compte, et c'est bien plus tard, vers la fin, que j'ai su le nom de mon malaise, la signification réel de ma maladie, celle qui était imprégnée autant dans mon corps que dans mon esprit. Je n'avais pas seulement un sentiment d'incurabilité je vivais cette incurabilité, je ne voulais pas mourir, c'est la mort qui s'imposait à moi.



Le temps qui passe me tue, chaque seconde est remplie de cet ennui qui me répète à l'infini dans l'oreille : "Regarde la tristesse qui toujours plus conséquente diminue ton être." J'aime prendre des bains brûlants. C'est dans ma baignoire que j'ai décidé de me réduire au néant. Quand je suis dedans, j'ai l'impression de retourner dans le corps de ma mère, de refaire les choses en sens inverse, avec en tête l'idée de recommencer. Mais la vie est irréversible, et la mort doit l'être tout au temps. Mon suicide donc, est une délivrance, pour moi et pour ceux qui m'entourent. Je suis convaincu de ma culpabilité et persuadé de la nocivité que je représente pour mes proches.



Vous savez pourquoi être mélancolique était un péché au XVI siècle? Parce que dans la plupart des cas elle mène au suicide... Et le suicide pour la religion est considéré comme un péché mortel, pour la personne qui le commet. Je me suis toujours demandé si l'église en disant cela était ironique ou non. C'est en terminant dans mon bain Madame Bovary que j'ai compri que j'étais ironique et qu'il fallait moi aussi que je me tue. J'ai pris le sèche cheveux de ma mère, je l'ai plongé dans l'eau, c'était étrange, j'ai eu l'impression de renaitre, le fil éléctrique qui alimentait le sèche cheveux devenait le cordon ombilical qui me nourissait. L'élécrticité qui est passé dans l'eau ma saisie, je me suis recroquevillé tel un foetus.